Retour sur un projet de VR inclusive pour l’éducation spécialisée

Auteur: Steve Banbury

En janvier, nous avons partagé une excellente nouvelle : Campfire Digital a reçu un soutien de Media Cymru pour explorer une nouvelle façon d’aborder l’apprentissage immersif. Notre objectif ? Réinventer la réalité virtuelle - non pas simplement comme un outil pour les apprenants aux besoins variés, mais comme un environnement co-conçu avec eux dès le départ.

Si cette annonce esquissait une vision, nous sommes aujourd’hui ravis de partager l’un des aspects les plus importants de cette aventure - notre collaboration avec Ysgol Y Deri, une école située à Penarth, au Pays de Galles, reconnue pour son esprit d’inclusion et son expertise unique. L’équipe enseignante et le personnel accompagnant de Ysgol Y Deri - ce qui signifie « école du chêne » en gallois - apportent une expérience précieuse auprès d’élèves aux besoins aussi complexes que variés, et ils nous ont chaleureusement accueillis dans leur univers.

L’apprentissage immersif inclusif compte

L’apprentissage immersif offre un potentiel énorme - en particulier pour les apprenants qui peinent à s’engager dans des formats scolaires traditionnels. Mais la réalité virtuelle n’a pas toujours été accessible. Beaucoup de solutions actuelles reposent sur une approche one-size-fits-all, en partant du principe que les utilisateurs partagent les mêmes capacités physiques, sensorielles ou cognitives - ce qui est loin de refléter la diversité des apprenants dans le monde réel.

Nous pensons que la VR peut faire mieux. Elle peut apaiser, captiver, valoriser - mais pour atteindre ces objectifs essentiels, il faut un processus de conception mené en étroite collaboration avec celles et ceux qui vont réellement l’utiliser. C’est pourquoi nous avons entrepris de créer une expérience en réalité virtuelle qui ne se contente pas d’être adaptée aux environnements liés aux besoins éducatifs particuliers (BEP), mais qui réagit directement aux retours des personnes qui connaissent ces environnements de l’intérieur. Il ne s’agit pas simplement d’améliorer un produit - il s’agit de repenser le rôle que peut jouer la technologie immersive dans l’éducation inclusive. Les retours de l’équipe de YYD nous aident à poser de meilleures questions, à remettre en cause nos hypothèses et à approfondir notre compréhension de ce que signifie réellement l’accessibilité.

Apprendre en contexte : Rencontre avec Ysgol Y Deri

Ce partenariat ne se développe pas dans le vide. Notre processus de recherche et développement s’appuie sur un large corpus de travaux - études académiques sur la VR dans l’éducation, publications sur les différences d’apprentissage, et pratiques établies dans le domaine des besoins éducatifs particuliers. En ce sens, nous ne partons pas de zéro - nous alignons notre approche avec les savoirs durement acquis par celles et ceux qui ont déjà tracé ce chemin. La différence, c’est que nous le faisons en étroite collaboration avec les personnes directement concernées - enseignants, personnels d’accompagnement, et les apprenants eux-mêmes.

Dès nos premiers échanges avec l’équipe de Ysgol Y Deri (YYD), nous avons su que nous avions trouvé les bons partenaires. YYD est bien plus qu’une école - c’est une communauté fondée sur l’empathie, l’expertise et l’inclusion. Beaucoup les connaissent déjà grâce à la série documentaire de la BBC A Special School, diffusée en trois parties, qui a mis en lumière leur travail et leurs valeurs. Le personnel de l’établissement apporte une profondeur de regard qui ne peut venir que d’années d’expérience auprès d’apprenants aux besoins complexes et variés. Qu’il s’agisse de profils sensoriels, de défis liés à la communication, de motricité ou de régulation émotionnelle, ils savent ce qui permet à un environnement éducatif de réellement fonctionner pour leurs élèves. Et dès le premier jour, ils nous ont accueillis avec ouverture et curiosité.

Nous écoutions: ce que 10 heures d’échanges nous ont appris

Dans le cadre de notre collaboration, nous avons mené plus de 10 heures d’entretiens approfondis avec différents membres de l’équipe de YYD. Ce n’étaient pas de simples discussions en surface - mais des conversations franches et réfléchies, qui nous ont offert une place au premier rang pour comprendre les réalités quotidiennes de l’utilisation de la technologie immersive dans un contexte BEP.

On nous a raconté les hauts et les bas liés à l’usage des systèmes de VR existants en classe. Une enseignante, par exemple, nous a parlé d’un élève enthousiaste à l’idée d’explorer un décor naturel apaisant, mais vite submergé par les lumières clignotantes et les transitions brusques. L’absence de contrôle en temps réel a laissé l’enseignante démunie.

« Parfois, ce n’est pas une question d’ajouter des fonctionnalités, » nous a-t-elle dit, « c’est juste qu’on aimerait avoir plus de contrôle sur ce qui existe déjà. La luminosité, les couleurs, le son - tout peut devenir trop, trop vite. »

On nous a aussi parlé de ce que ça fait, émotionnellement, de se sentir exclu d’un outil censé être accessible. Même des choses simples, comme synchroniser ce que voit l’enseignant à l’écran avec ce que l’élève voit dans le casque, peuvent poser problème.

Et ces constats ne sont pas isolés. Ils révèlent des problèmes systémiques dans la manière dont la plupart des plateformes de VR abordent l’inclusion. On a découvert de nombreux points de friction - parfois minimes, parfois majeurs - qui, s’ils étaient traités, pourraient faire de la technologie immersive quelque chose non seulement de fonctionnel, mais de véritablement transformateur.

Ce qu’il faut changer

Lancer une vidéo ou une activité d’apprentissage dans un casque de réalité virtuelle (VR) peut sembler simple - mais dans les environnements éducatifs ou de soin, c’est souvent l’un des plus gros obstacles. Pour des élèves neurodivergents ou en situation de handicap physique, l’interface classique des casques VR - pensée presque exclusivement pour des utilisateurs avertis - peut ressembler à un vrai labyrinthe de menus, de boutons, et d’interactions peu familières. Même pour les accompagnants, utiliser ces systèmes peut être une source de stress, surtout quand il faut s’occuper de plusieurs apprenants aux besoins différents. Quand démarrer une expérience implique de se connecter, de trouver le bon contenu, et de gérer des manettes peu intuitives, quelque chose d’aussi simple que lancer une vidéo peut vite devenir un frein à l’apprentissage.

Le problème ne vient pas seulement du design, mais aussi du contexte. En classe ou en séance thérapeutique, le temps est compté, la concentration peut être fragile, et chaque minute compte. Si un élève a besoin d’un adulte pour démarrer une expérience VR - et que cette étape est longue ou échoue - l’occasion d’un vrai moment d’engagement peut disparaître. En plus de cela, la plupart des systèmes offrent très peu de contrôle sur des variables essentielles comme la luminosité, le volume ou les couleurs - des éléments pourtant cruciaux pour des apprenants sensibles aux stimulations sensorielles ou en état émotionnel intense. Sans possibilité d’ajuster rapidement ces paramètres, la VR peut facilement devenir trop stimulante au lieu d’être un soutien.

La co-création en action

Pour répondre à ces défis, nous repensons entièrement la manière dont le contenu VR est lancé et contrôlé. Notre approche repose sur trois piliers : simplicité, accessibilité et flexibilité. Nous développons des systèmes où les expériences peuvent être lancées à distance par un enseignant ou un thérapeute, afin que les apprenants n’aient pas à naviguer dans les menus eux-mêmes. Le contenu est préchargé et facilement accessible, sans dépendre d’une connexion internet ou d’un écran de connexion. Et tout aussi important, nous travaillons sur des systèmes permettant d’adapter à la volée les paramètres de l’environnement - comme le volume sonore ou le contraste des couleurs - selon les besoins de chacun.

Notre objectif, au fond, est d’éliminer les obstacles - pour que les enseignants puissent se concentrer sur l’apprentissage, que les apprenants puissent se concentrer sur l’exploration, et que la VR tienne enfin ses promesses en tant qu’outil d’inclusion, d’imagination et de connexion. Bien utilisée, elle ne se contente pas de reproduire le monde réel - elle l’élargit, surtout pour celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Repenser le rôle de la technologie immersive

À travers ce projet, nous ne faisons pas qu’ajuster une interface ou adapter un outil - nous repensons ce que la technologie immersive peut être. Nous posons des questions fondamentales :

  • Que signifie la prévisibilité dans un environnement virtuel ?
  • Comment créer un sentiment de sécurité émotionnelle dans un monde fait de polygones et de shaders ?
  • La VR peut-elle devenir un espace où les apprenants se sentent plus en contrôle - et non l’inverse ?

La contribution de YYD à ces réflexions a été tout simplement essentielle. Leur sincérité et leur ouverture nous ont permis de remettre en question nos idées reçues, de poser de meilleures questions, et de renforcer notre engagement envers une accessibilité ancrée dans la réalité.

Par moments, ce travail ressemble à la construction d’un pont entre deux mondes - le paysage complexe et prometteur de la VR, et la réalité humaine et concrète de la salle de classe. Mais à chaque conversation, cet écart se réduit.

Regarder vers l’avenir

Notre collaboration avec Ysgol Y Deri va se poursuivre dans les mois à venir, avec de nouvelles sessions de co-conception, des boucles de retour utilisateur, et des phases de test pilote prévues. Ces échanges alimentent directement nos sprints de conception et de développement, afin que chaque décision - de l’interface à l’interactivité - reflète les priorités de celles et ceux qui utiliseront réellement cette technologie.

Nous sommes convaincus que l’avenir de l’apprentissage immersif doit être façonné par les personnes qu’il est censé soutenir. Cela signifie : écouter d’abord, itérer souvent, et rester ouvert à l’inattendu.

Dans cet esprit, nous préparons déjà des partenariats plus larges à travers le Royaume-Uni. Nous pensons que les enseignements de ce projet pourraient bénéficier non seulement aux établissements spécialisés BEP, mais aussi aux écoles classiques souhaitant mieux accompagner les élèves neurodivergents. Des applications pourraient également émerger dans la formation pour adultes, les musées, ou des espaces immersifs dédiés au bien-être.

Rester en lien

Un grand merci à toute l’équipe de Ysgol Y Deri pour leur temps, leur regard et leur générosité. Leurs contributions ont déjà un impact durable sur notre travail - et nous sommes impatients de continuer à apprendre à leurs côtés.

Au fil du projet, nous partagerons d’autres mises à jour, découvertes et réflexions. Si vous vous intéressez à l’innovation inclusive, à l’apprentissage immersif ou à l’avenir des technologies éducatives, on serait ravis que vous suiviez l’aventure avec nous !

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